samedi 19 octobre 2019

Pour lutter contre le terrorisme en France, ne laissons pas Erdogan attaquer la Syrie

Comme tous les français, j’ai été attristée par l’attaque à la préfecture de police de Paris, le jeudi 3 octobre. Mais ma tristesse, peut être, dépasse celle des français, car je suis aussi kurde syrienne. Je me présente toujours comme française d’origine kurde. En Syrie, je n’avais pas le sentiment d’être citoyenne, mais j’en suis devenue en France ; une citoyenne.


Dimanche soir, le 6 octobre 2019, j’ai suivi le débat avec les invités au France 5 venus parler du film « Sœurs d’armes » de Caroline Fourest.
SOEURS D'ARMES Extraits + Bande Annonce (2019) Camélia Jordana, Drame © Bandes Annonces Cinéma
J’ai été stressée en écoutant la journaliste Caroline Fourest et l’actrice Amira Casar, en ayant peur qu’ils se trompent au sujet de mon pays. La présence de l’écrivain Patrice Franceschi, auteur de ‘Mourir pour Kobané‘, connu pour son engament pour la cause kurde me rassurait.

En tant de kurde, je sais que les ennemis d’Erdogan ne sont pas les islamistes mais les kurdes. J’ai peur, non seulement pour les kurdes, mais aussi pour les français.

J’étais fière d’écouter ces trois gens formidables, qui mettent en lumière la lutte des femmes kurdes. Pour moi, l’apparence des femmes Peshmerga est un symbole de la destruction de l’État Islamique ; nous savons que les femmes kurdes ont combattu des membres de Daech et le film de Caroline Fourest montre aussi cela.
Donc j’ai eu un sentiment partagé : triste pour la morte de policiers à la préfecture, mais rassurée par l’existence des combattants kurdes et leurs amis français.
Lundi matin, le 6 octobre, les réseaux soucieux étaient saturés par le tweet de Donald Trump qui a décidé le retrait des soldats américains du côté syrien de la frontière avec la Turquie.
En tant de kurde, je sais que les ennemis d’Erdogan ne sont pas les islamistes mais les kurdes. J’ai peur, non seulement pour les kurdes, mais aussi pour les français.
L’expérience de bataille d’Afrine, baptisée « Opération Rameau d’Olivier » par l’armée turque contre les forces kurdes, avait rempli cette zone kurde laïque de comportements religieux islamiques étrangers aux habitants de cette région.

Aujourd’hui, si on laisse à nouveau la Turquie rentrer au Rojava, cela augmentera encore les activités d’État Islamique.

Avant cette bataille, mes amis du Rojava m’ont parlé du mode de vie civile et de l’égalité entre les femmes et les hommes. Ils me poussaient à venir voir sur place cette démocratie incroyable, malgré la guerre et les ennemis de la liberté.
Tout cela s’est écroulé avec l’offensive de l’armée islamique aux ordres d’Erdogan. Cette armée qui considère les kurdes comme des ennemis contrairement aux islamistes intégristes.
Aujourd’hui, si on laisse à nouveau la Turquie rentrer au Rojava, cela augmentera encore les activités d’État Islamique.
Je parlerai un jour du rôle d’Ankara qui soutient les islamistes. En attendant je vous partage le lien d’un film qui vient de paraitre intitulé  « Turquie… La sage-femme qui a créé ISIS » de Shiar Nayyo. Ce film qui explique comment la Turquie a participé activement à la création de l’Etat Islamique.
Turkey.. "The midwife that created ISIS" - تركيا.. "القابلة التي أنجبت داعش" © AVA Films

Je n’arrête pas de me poser la question, plus précisément, depuis l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo : que puis-je faire ?

Mardi matin, j’ai suivi à la télévision l’hommage rendu aux quatre fonctionnaires de la préfecture de police de Paris, tués ce 3 octobre lors de l’attaque perpétrée par Mickaël Harpon.
La révélation de la découverte d’une clé USB appartenant à Mickaël Harpon aggrave la situation. Selon Le Parisien, cette clé contient trois éléments à charge: « des fichiers informatiques avec de nombreuses vidéos de décapitation de Daech ».
En tant que journaliste et écrivaine française et kurde, je me trouve concernée deux fois par cette interconnexion: le terrorisme islamique en Syrie qui touche la France. Je suis consternée par mes deux cœurs qui battent en même temps, le français et le kurde.
Je n’arrête pas de me poser la question, plus précisément, depuis l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo : que puis-je faire ?
Et je pense que je pourrais faire plein de choses. Le rôle que je pourrais jouer, c’est d’expliquer comment nous pouvons libérer les bons musulmans des mauvais, et également sauver l’image de l’Islam des escrocs qui la manipulent !
Le premier point commun que je trouve dans la majorité des tueurs au nom de l’Islam, c’est que ces gens sont nés en Europe et qu’ils ne parlent pas bien la langue arabe, la langue du Coran. Ils ont appris l’Islam radical par des malfaiteurs qui ont leurs agendas politiques. Donc cet Islam, soit-disant djihadiste, n’a rien avoir avec l’Islam que nous l’avons connu et vécu dans les pays arabes.

Nous avons besoin aujourd’hui en France, je pense, de présenter une autre image de l’islam ; une histoire ouverte, tolèrante et libre.

Je parle toujours, comme écrivain, de ma grand-mère kurde musulmane qui m’a inspirée pour écrire mes premiers romans en arabe. Halima était la mère d’un fils communiste ; mon père.
Elle voyait mon père boire de l’alcool et elle priait près de lui en s’adressant au ciel pour protéger son fils. Gamine, je n’avais pas encore trouvé mon chemin. J’ai avoué à ma grand-mère que je suis athée, et en même temps, je l’accompagnais à la mosquée de quartier pendant le mois de Ramadan et je priais avec elle.
Ma grand-mère ne me l’a jamais reprochée, elle m’acceptait comme j’étais en espérant que Dieu m’oriente vers le bon chemin.
Voici un Islam que les tueurs ne connaissent pas, un islam spirituel et tolérant. Je suis née musulmane, d’un père laïque et d’une mère pratiquante, mais j’ai eu la chance de vivre la religion comme une tradition, pas comme une confession sacrée.
Ma mère n’hésitait pas à goûter, par curiosité, le verre de mon père, puis elle demandait à Dieu de la pardonner. Ma mère, ma grand-mère et beaucoup des femmes et d’hommes musulmans voyaient le Dieu comme tolérant, pas comme un gardien de prison, cette image imposée par les escrocs qui appellent à tuer les autres au nom de Dieu !
Grâce à mon éducation, j’ai grandi avec la critique de cette tradition et j’ai échappé à l’enfermement d’un culte éternel.
Nous avons besoin aujourd’hui en France, je pense, de présenter une autre image de l’islam ; une histoire ouverte, tolèrante et libre.
Je pense énormément aux enfants français de Daech, ceux qui étaient avec leurs parents en Syrie ou en Irak. Ces enfants vont jouer un jour leur rôle en France, c’est pourquoi je me sens responsable de me lutter pour l’avenir, même si le présent est encore noir pour moi et je ne sais pas a qui le tour demain d’être encore assassiné par ce terroriste, mais il ne faut pas baisser les bras, nous avons besoin d’ouvrir un dialogue libre pour arracher les garnis terroristes, car Daech est une tendance cultuelle et moral, et pour la détruire, il ne faut une arme culturelle.
Nous pouvons combattre ce terrorisme en ouvrant les portes aux défenseurs de la liberté: les kurdes en Syrie. Il faut les protéger militairement et politiquement, et aussi communiquer avec « les intellectuels » engagés en faveur de la liberté religieuse culturelle.
La guerre contre Daech est divisée en deux flancs : sur le terrain en Syrie, et en France ; et partout, pour la gagner, il nous faut chacun lutter à sa manière.
Je suis une femme kurde française, mon combat est en France, contre les idées terroristes qui menacent mon pays « Kurdistan » et menacent également le futur de mon pays « France ». Nous, kurdes libres, femmes combattantes, journalistes, écrivains, chercheurs… notre grande responsabilité aujourd’hui est de travailler ensemble. Nous sommes tous des cibles de Daech, et nous sommes tous leurs ennemis.
Article de Maha Hassan

Noi, i nemici del terrorismo islamico

Come tutti i francesi, sono rattristata dall’attacco al quartier generale della polizia di Parigi giovedì 3 ottobre. Ma la mia tristezza, forse, supera quella dei francesi, perché sono anche curdo-siriana. Mi presento sempre come francese di origine curda. In Siria non mi sentivo una cittadina, ma lo sono diventata in Francia; una cittadina. Ho due cuori, uno francese e uno curdo. Oggi entrambi sono spezzati.
Domenica 6 ottobre 2019, ho seguito il dibattito serale con gli ospiti del programma France 5 che sono venuti a parlare del film Sœurs d’armes di Caroline Fourest.
Mi stressavo ascoltando la giornalista Caroline Fourest e l’attrice Amira Casar, temendo che dicessero qualcosa di inesatto sul mio paese. La presenza della scrittrice Patrice Franceschi, autrice del testo Mourir pour Kobané, nota per il suo impegno nella causa curda, mi ha rassicurata.
Ero orgogliosa di ascoltare queste tre grandi personalità che sottolineavano la lotta delle donne curde. Per me, l’apparizione delle donne Peshmerga è un simbolo della distruzione dello Stato Islamico; sappiamo che le donne curde hanno combattuto contro i membri del Daesh, fatto dimostrato anche nel film di Caroline Fourest.
I miei sentimenti erano divisi: mi sentivo triste per la morte degli agenti di polizia nella prefettura, ma allo stesso tempo rassicurata dall’esistenza dei combattenti curdi e dei loro amici francesi.
Lunedì mattina, 6 ottobre, i social network sono impazziti dopo il tweet di Donald Trump che ha deciso di ritirare i soldati americani dalla parte siriana del confine con la Turchia.
Come curda, so che i nemici di Erdogan non sono gli islamisti ma i curdi. Temo non solo per i curdi, ma anche per i francesi.
L’esperienza della battaglia di Afrine, soprannominata “Operazione Rameau d’Olivier” dall’esercito turco contro le forze curde, aveva introdotto nella zona laica curda la religione islamica, estranea agli abitanti di questa regione.
Prima di questa battaglia, i miei amici di Rojava mi parlavano del modo di vivere civile e dell’uguaglianza tra donne e uomini. Mi hanno esortato a venire a vedere questa incredibile democrazia, nonostante la guerra e i nemici della libertà.
Ma questo stile di vita si è dileguato a seguito dell’offensiva sotto gli ordini di Erdogan dell’esercito islamico, che considera i curdi come nemici in contrasto con gli islamisti fondamentalisti.
Se la Turchia potrà tornare di nuovo nel Rojava, ciò aumenterà ulteriormente le attività dello Stato islamico.
Un giorno parlerò del ruolo di Ankara che sostiene gli islamisti. Nel frattempo, condivido il link di un film appena uscito intitolato Turquie… La sage-femme qui a créé ISIS di Shiar Nayyo. Questo film spiega come la Turchia abbia partecipato attivamente alla creazione dello Stato islamico.
Martedì mattina ho visto in televisione l’omaggio reso ai quattro funzionari del quartier generale della polizia a Parigi, uccisi il 3 ottobre durante l’attacco perpetrato da Mickaël Harpon.
La rivelazione della scoperta di una chiave USB appartenente a Mickaël Harpon peggiora la situazione. Secondo Le Parisien, questa chiavetta contiene “file con numerosi video riguardanti la decapitazione di Daesh”.
Come giornalista e scrittrice francese e curda, sono doppiamente preoccupata per questa interconnessione: il terrorismo islamico in Siria, che colpisce la Francia. Sono sgomenta per i miei due cuori, che battono allo stesso tempo, quello francese e quello curdo.
Continuo a pormi la domanda, più precisamente dal 7 gennaio 2015, il giorno dall’attacco contro Charlie Hebdo: cosa posso fare?
E penso che potrei fare molte cose. Potrei spiegare come liberare i musulmani buoni dai cattivi e anche salvare l’immagine dell’Islam dagli imbroglioni che la manipolano!
Il primo punto in comune che trovo nella maggior parte degli assassini in nome dell’Islam è che queste persone sono nate in Europa e non parlano bene la lingua araba, la lingua del Corano. Hanno imparato l’Islam radicale dai criminali che hanno i loro programmi politici. Quindi questo Islam, presumibilmente jihadista, non ha nulla a che fare con l’Islam che abbiamo conosciuto e vissuto nei paesi arabi.
Parlo ancora come scrittrice di mia nonna musulmana curda che mi ha ispirato a scrivere i miei primi romanzi in arabo. Halima era la madre di un figlio comunista: mio padre.
Vide mio padre bere alcolici e lo pregò di smettere, rivolgendosi al cielo per proteggere suo figlio. Gamine, non avevo ancora trovato la mia strada. Ho confessato a mia nonna di essere atea e allo stesso tempo l’ho accompagnata alla moschea del quartiere durante il mese di Ramadan e ho pregato con lei.
Mia nonna non mi ha mai rimproverato per questo, mi ha accettato perché sperava che Dio mi indicasse la strada giusta.
Ecco un Islam che gli assassini non conoscono, un Islam spirituale e tollerante. Sono nata musulmano, da padre laico e madre praticante, ma sono stata fortunata a vivere la religione come una tradizione, non come una sacra confessione.
Mia madre non esitò ad assaggiare, per curiosità, il bicchiere di vino che beveva mio padre. Poi chiese a Dio di perdonarla. Mia madre, mia nonna e molte donne e uomini musulmani vedevano un Dio tollerante, non come una guardia carceraria. Questa è un’immagine imposta dagli imbroglioni che reclutano adepti per uccidere gli altri in nome di Dio!
Grazie alla mia educazione, sono cresciuta valutando in maniera critica questa tradizione e sono sfuggita alla prigionia di un’adorazione eterna.
Oggi in Francia abbiamo bisogno di presentare un’altra immagine dell’Islam; una storia aperta, tollerante e libera.
Penso molto ai bambini francesi di Daesh, quelli che erano con i loro genitori in Siria o Iraq. Questi bambini giocheranno un giorno il loro ruolo in Francia, ecco perché mi sento responsabile della lotta per il futuro, anche se il presente è ancora nero per me e non so a chi toccherà essere assassinato domani da questo terrorista. Ma non dobbiamo arrenderci, dobbiamo aprire un dialogo libero per strappare il terrorismo al terrorista, perché Daesh è una tendenza culturale e morale e per distruggerlo abbiamo bisogno di un’arma culturale.
Possiamo combattere il terrorismo aprendo le porte ai difensori della libertà: i curdi in Siria. Dobbiamo proteggerli militarmente e politicamente e anche comunicare con “intellettuali” impegnati nella lotta per la libertà religiosa culturale.
La guerra contro Daesh è divisa su due fronti: sul terreno in Siria e in Francia; e ovunque, per vincerla, ognuno deve combattere a modo suo.
Sono una donna curdo-francese, la mia lotta è in Francia, contro le idee terroristiche che minacciano il mio paese “Kurdistan” e minacciano anche il futuro del mio paese “Francia”. Noi curdi liberi, donne combattenti, giornaliste, scrittrici, ricercatrici… la nostra grande responsabilità oggi è lavorare insieme. Siamo tutti bersagli di Daesh e siamo tutti loro nemici.
Maha Hassan
Traduzione di Eva Serio
versione originale: https://www.oeil-maisondesjournalistes.fr/author/maha-hassan/