vendredi 1 décembre 2017

Shéhérazade à Morlaix



Maha Hassan : Shéhérazade à Morlaix
Par Ismaël Dupont, le-chiffon-rouge-morlaix.

Saviez-vous qu'à Morlaix vivait une grande conteuse et romancière de langue arabe, Maha Hassan ?
Maha Hassan est née à la littérature porteuse des histoires de sa grand-mère paternelle analphabète.
Halima, sa grand-mère spirituelle, une kurde syrienne, originaire d'un village du nord de la Syrie mais vivant à Alep pendant la jeunesse de Maha.
Son père, ouvrier d'une fabrique de tissus à Alep, était lui aussi analphabète.
Il n'y avait pas un livre dans la maison de Maha pendant sa jeunesse.
C'est pourtant grâce aux engagements de son père et à ses camarades du Parti Communiste que la jeune Maha va acquérir très jeune le goût des lectures complexes en commençant à tenter de comprendre les brochures communistes clandestines que font circuler les amis de son père.
« Mon père ne nous a pas éduqués dans le nationalisme. Il ne voulait pas que l'on se reconnaisse d'abord comme kurdes. Nous étions tous syriens, avec une société à construire ensemble, la culture ou religion d'origine était secondaire. La question kurde n'était pas sa priorité ».
Les lectures de Maha vont renforcer ses convictions universalistes.
Maha a un tel appétit d'apprendre qu'à partir de 15-16 ans, après les traductions arabes de Tchékov et Pouchkine, elle découvre Hegel, Marx et Nietzsche.
« Je pleurais quand je n'arrivais pas à comprendre des passages de la dialectique de Hegel ».
Ainsi parlait Zarathoustra était, dit-elle, un livre qui parlait aux lettrés kurdes du fait de la valorisation d'une origine culturelle indo-européenne de l'espace persique auxquels ils pensaient se rattacher.
Mais le grand initiateur est surtout Sartre, pour qui elle éprouve un amour immodéré, jusqu'à lire L'être et le néant à dix-huit ans dans une traduction arabe.
Quand elle arrive à Paris en 2004, Maha ne pense qu'à Sartre, lui parle intérieurement en se promenant dans ses endroits préférés : « J'attendais qu'il me réponde par les rêves, comme mes personnages de roman qui se découvrent pendant la nuit, mais il n'en a rien été ».
Plus tard, elle sera déçue d'apprendre certains aspects du grand ego qu'avait Sartre et le dénouement de sa relation d'amitié avec Camus, un autre des familiers de la jeune Maha Hassan, dont elle lut avec passion une grande partie de l’œuvre dans sa jeunesse.
Mais c'est sans doute l'auteur de La plaisanterie , Milan Kundera qui eut le plus d'influence sur elle et la naissance de sa vocation d'écrivain, par sa prodigieuse liberté, sa faculté à prendre de la hauteur face à la peur et aux mesquineries produites par une dictature policière pour affirmer les droits de l'individu vivant et de l'esprit.
Comme un de ses personnages de roman, Maha Hassan eut l'impression de « respirer Kundera » en circulant dans le quartier de Montparnasse.
Le responsable de l'Institut du Monde Arabe ne crut pas sans doute lui faire un tel plaisir quand il lui dit qu'elle écrivait comme l'écrivain tchèque. C'était faux, sans doute. C'était pour l'encourager.
Pendant des mois, néanmoins, Maha s'exerça pour s'amuser à écrire un chapitre selon ses façons spontanées, un chapitre narré comme un pastiche de Kundera.
Le premier écrit publié de Maha Hassan (elle a dix-neuf ans) est une nouvelle à dimension érotique à peine voilée, « Le marié du doigt », traitant entre autre de manière déguisée de la masturbation des femmes, nouvelle qui paraît dans une grande revue intellectuelle de Beyrouth, Al Naqid, « Le Critique » où son nom apparaît au côté de celui de Samih Alqasim, un grand écrivain. le magazine publie aussi Mahmoud Darwich. Maha ouvre de grands yeux et n'en revient toujours pas ! Jusque dans son exil morlaisien, elle garde cette revue qui la fait rentrer en deux temps trois mouvements dans la cour des grands.
Pour elle qui avait confié à dix-neuf ans le manuscrit à un ami se déplaçant au Liban, c'est complètement inespéré. Évidemment, la nouvelle est interdite de publication par le régime syrien, ainsi que les autres du recueil.
Sans doute en raison de la folle audace d'une écriture qui explore les tabous de la sexualité et de la condition féminine. Pour d'autres raisons aussi, peut-être.
Pour justifier l'interdiction des Chants du néant (2009, qui paraîtront finalement au Liban), un roman qui pose pour la première fois la question existentielle propre aux kurdes, ce qu'a relevé la censure du régime des al-Assad, c'est le caractère subversif d'une note faisant référence à la tradition de la kabbale qualifiée de « soufisme » des Juifs.
Dans la Syrie des Al-Assad, le Juif est l'ennemi par excellence et tabou, le régime appuyant une partie de son entreprise de légitimation sur son statut de résistant à l’État d'Israël.
Autant dire que Maha Hassan sera relativement déboussolée au départ d'être invitée pour plusieurs mois à une résidence d'écrivaine dans l'immeuble d'Anne Frank à Amsterdam après qu'Human Rights Watch lui ait décerné le prix Hellman-Hammett en 2005 réservée aux écrivains persécutés, un prix attribué après les excès du maccartysme aux Etats-Unis.
Un immeuble plein de fantômes, d'éclats de rire et de frissons de peur, pour travailler, dans un voisinage invitant à se questionner plus que tout autre sur la question de l'identité et du piège nationaliste et xénophobe des identités exclusives, identifiées à des appartenances collectives héritées et enfermantes. Maha Hassan réfléchit d'ailleurs aujourd'hui à un livre qui aurait pour titre «le péché d'identité ».

Maha Hassan et Ismaël Dupont après l'entretien - 29 novembre 2017, place Allende - Morlaix
Maha Hassan qualifie elle-même son écriture de « littérature bâtarde ». Ce n'est pas de la littérature kurde, parce qu'elle écrit en arabe. Ce n'est pas de la littérature arabe « pure » parce qu'elle porte une mémoire collective kurde avant même d'avoir appris à parler. Ce n'est pas de la littérature arabe non plus parce qu'elle a découvert la littérature et la philosophie européennes avant Naguib Mahfouz ou d'autres grands écrivains arabes, parce que ses références intellectuelles sont autant occidentales qu'orientales.
La jeune fille issue d'un quartier et d'une famille populaires d'Alep où l'on ne connaissait pas les livres s'est ouverte au monde libérateur de la littérature grâce à la générosité d'un libraire qui lui prêtait des livres traduits qu'elle n'avait pas les moyens de payer.
Après la parution de sa nouvelle dans une grande revue libanaise, elle écrit un livre moins scandaleux pour les autorités syriennes, mais qu'elle aime beaucoup aussi, L'infini, qui paraît en 1995 chez un éditeur de Lattaquié.
C'est pour ses derniers livres, publiés en arabe au Liban, chez les éditions El-Rayyes, dirigé par le responsable du magazine qui l'avait fait connaître à 19 ans, en 1993, pour sa nouvelle détonante, et qui attendait d'elle une confirmation de son talent, que Maha Hassan commence à être reconnue dans le petit monde littéraire des pays arabes.
Elle fait des salons en Tunisie, en Palestine, en Egypte, aux Emirats. Ceux qui paient ne sont pas toujours les pays où l'on trouve le plus de lecteurs, mais les rois du pétrole ou autres princes en quête de reconnaissance internationale.
Deux de ses romans ont été sélectionnés dans la liste finale du prix Booker Arabe.
Maha Hassan a néanmoins le sentiment que le fait d'être kurde rend pour elle la reconnaissance littéraire moins aisée dans le monde arabe.
Ses premiers livres sont considérés comme féministes, parlant de condition féminine, de sexualité, de conservatisme religieux, de politique. En 2000, ses livres sont interdits de parution en Syrie.
Dans les romans, écrits depuis son exil français et publiés au Liban reviennent le sujet des crimes d'honneur contre les femmes (« Les filles des prairies », Banât al-barârî – 2011).
Dans Cordon Ombilical (2010), on a le portrait de deux femmes partagés entre Orient et Occident, interrogeant les notions d'identité kurde, d'appartenance, de relation à l'autre.
Dans les Tambours de l'amour (2012), son avant-dernier roman publié, Maha Hassan construit le premier récit romanesque de la révolution syrienne prenant en comptant l'an un de la révolte démocratique du peuple syrien contre Bachar-al-Assad et son régime d'oppression, révolution qui comme plus tard la guerre syrienne malgré toute sa barbarie, va révéler à eux-mêmes et à la liberté des jeunes femmes et jeunes hommes qui vont se défaire de leurs peurs et des corsets sociaux pour affirmer leur désir d'engagement, de dignité, de vie.
Ce roman est sur le point d'être publié en Italie où il bénéficie déjà d'une très bonne critique.
Maha Hassan m'a dévoilé hier la trame narrative de son dernier roman, le premier qui sera écrit en français, grâce au concours de Anne Cousin et de l'association Tro-coat, qui a fait la rencontre de Maha et lui a proposé cette collaboration pour écrire en français à la suite d'un travail en atelier d'écriture et de leur présentation première lors d'un débat avec l'écrivain yéménite ami de Maha Ali Al Muqri à la librairie « A pleine voix » à Morlaix, tenue par Laurent Baudry.
C'est une fresque historique très ambitieuse et palpitante, avec des situations romanesques fascinantes, où une moderne Shéhérazade et sa fille traversent quarante ans d'histoire de la Syrie. Une première partie met en scène deux femmes en quête de bonheur et d'émancipation d'un quartier traditionaliste d'Alep que la loi des hommes domine, deux femmes qui vivent avec leur mari commun derrière le QG des moukhâbarât, les forces de sécurité du régime, cruelles et despotiques, qui y torturent à tour de bras. La deuxième partie nous plongera dans l'actualité de la guerre en Syrie, où vont s'affronter des jeunes qui se connaissaient dans le camp djihadiste et dans le camp des peshmergas, ce qui donne à Maha Hassan l'occasion d'explorer ce qu'il y a de nouveau dans la condition féminine kurde dans le fait de combattre, et de combattre les partisans d'une forme religieuse dévoyée, portant la haine des femmes, obscurantiste, totalitaire, ultra-violente.
Entendre et imaginer le déploiement de ce roman à travers quelques indications de cette magnifique et profonde conteuse qu'est Maha Hassan ne donne qu'une envie : que ses précédents romans soient vite publiés en français.
Pour y lire ses histoires d'amour, de libération féminine, de relation à la tradition, aux identités, à la tyrannie du régime syrien. Pour y découvrir ses personnages riches et attachants.
Quand elle était étudiante, Maha a fait le tour des partis révolutionnaires et contestataires, kurdes ou communistes.
Son père avait très peur qu'elle s'engage trop en politique même s'il ne s'est pas opposé à ce qu'elle fasse des études, comme pour sa sœur cadette, étudiante en droit elle-aussi, car les moukhâbarât n'hésitaient pas à violer et violenter les filles rebelles ou soupçonnées de l'être. Malgré la défense de son père, Maha était une fille têtue et a mené ses expériences en femme libre et courageuse, affrontant la pression du groupe et des hommes, malgré la peur, omniprésente dans le régime d'oppression de la Syrie d'Hafez-al-Assad puis de Bachar-al-Assad.
Son premier rendez-vous contraint avec les services de sécurité date de ses dix-huit ans, quand, pour financer ses études, elle s'apprête à postuler pour un poste d'institutrice remplaçante et que les renseignements font chantage sur elle dans un bureau de l'éducation nationale et lui demandent de donner des informations sur les amis de son père (les communistes sont pourchassés, emprisonnés, torturés par Hafez-al-Assad). Elle refuse et son certificat de nomination est déchirée sous ses yeux.
C'est à la suite d'un énième entretien forcé avec les moukhâbarât au moment de la révolte kurde au début des années 2000 et de sa répression par le régime qu'elle décide de quitter la Syrie, puis de gagner la France où elle obtient l'asile politique en 2004, d'abord logée pendant quelques mois à la maison des journalistes, avant de rencontrer Philippe, son amoureux breton, et d'arriver à Morlaix avec lui il y a deux ans.
Depuis son père et sa mère sont décédés en Syrie, sa mère des suites du bombardement de sa maison par la rébellion islamique à Alep. Ils ont été enterrés à la va-vite dans un jardin public, dans le quartier de Khaledia. La maison familiale n'existe plus.
Maha a demandé en vain un visa humanitaire pour sa mère et sa sœur au plus fort de la guerre. Beaucoup de ses voisins, de ses amis, sont morts aussi, la plupart victimes des assassinats et tortures du régime. Un de ses voisins a été torturé à mort parce que son frère s'était engagé dans l'armée rebelle.
Ses frères et sœurs sont en Suède, en Finlande, au Pays-Bas, en Allemagne dans un camp pour réfugiés, en Turquie.
Sa mère a été interrogée par les services de sécurité du régime après le départ de Maha : elle leur a dit, pour protéger tout le monde, car sa fille était morte.
Morte à une partie d'elle-même peut-être, mais si vivante dans son désir d'être heureuse, de créer, de construire une littérature d'émancipation éclairant le monde pour le transformer.
Maha connaît la douleur d'avoir été contrainte de quitter son monde, son pays et de le voir disparaître dans la plus fratricide et barbare des guerres. Néanmoins, elle n'en condamne pas pour autant une révolte démocratique qui, au départ, voulait seulement dénoncer la barbarie de la police de Bachar-al-Assad qui avait torturé affreusement des adolescents, exiger plus de justice, de démocratie, de liberté d'expression, moins de corruption et de clientélisme, plus d'égalité. Une révolte laïque où l'on trouvait des jeunes et moins jeunes de toutes les origines culturelles de la Syrie. Pour elle, la guerre a aussi réveillé les Syriens, la révolution a libéré beaucoup de femmes, allant jusqu'à parler de « baiser de la guerre ».
Elle a espéré, espéré, les six années précédentes, que le régime criminel allait enfin tomber, qu'il allait cesser d'assassiner le peuple syrien en toute impunité. En vain, aujourd'hui, elle constate que la guerre est un affrontement d'intérêts internationaux, que Daesh est devenu l'ennemi premier, que Bachar, le boucher de Damas, est revenu au centre du jeu, même pour les Américains et les Français.
Quant aux Kurdes, ils ont agi de manière pragmatique en cherchant à faire progresser leur volonté d'indépendance ou d'autonomie en se protégeant des agressions du régime comme des islamistes djihadistes. Néanmoins, dans sa famille, son frère, kurde, lui aussi, combattait la répression du régime avec ses amis arabes.
Aujourd'hui, Maha vit en exil d'elle-même, ni là-bas, ni tout à fait ici, malgré le plaisir qu'elle a à sentir la sollicitude, la franchise et la vie sereine des Bretons et à vivre à Morlaix avec son ami.
Chaque nuit, chaque sieste ou presque la ramène par ses rêves en Syrie.
Dans la journée, elle a des moments d'absence, où elle retrouve Alep et ses amis et parents.
La littérature est un des moyens qui lui reste pour éprouver son existence.
Littérature de l'exil, littérature de l'affirmation vitale et des naissances à soi, à l'amour et à l'autre, par-delà la tradition patriarcale, le despotisme, la guerre.
Péché d'identité... Tout dernièrement, Maha a découvert que sa grand-mère maternelle était arménienne, qu'elle avait été adoptée à cinq ans par sa famille kurde alors que ses parents allaient à l'abattoir ou avaient déjà été massacrés par les génocidaires turcs et leurs alliés.
Cette grand-mère d'origine chrétienne arménienne avait donné à son premier fils le nom de Mohamed, vivant toute sa vie dans la dissimulation et la culpabilité par rapport à ses origines.
Cette vie tragique est un roman dont le continent reste à explorer... Comme la littérature de Maha Hassan pour le lecteur français.
Entretien avec Ismaël Dupont - 29 novembre 2017

Romans publiés :
Titres traduits de l'arabe:
- Bonjour la guerre
- Les Tambours de l’Amour, éditions El-Rayyes, Beyrouth, Liban, 2012.
-
Les filles de prairies (roman), éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2011.
-
Cordon ombilical, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2010. (sélectionné sur la liste du prix du roman arabe «Booker»).
-
Chants du néant, éditions El- Rayyes, Beyrouth, Liban, 2009.
-
Le tableau de la couverture. Les murs de déception sont plus hauts, éditions Nashiron, Syrie, 2002.
-
L’infini- récit de l’autre, éditions Al-Hiwar, Syrie, 1995.

dimanche 19 novembre 2017

Dialogue with the Syrian writer Maha Hassan




A dialogue with the Syrian writer Maha Hassan. Be tuned for a really thrilling experience with a dialogue probing into the Art and mind of one of the talented Arab female writers...
Here is an excerpt...
Tell us about Maha's early life?
Contradiction and dualism seem to be core components of my writings. Born in a contradictory milieu, it is no strange that my Kurdish family spoke Arabic and my leftist father was very is open-minded with strangers and much repressive at home. A free and independent girl among friends and relatives, submissive at home, I was. Early I discovered the idea of alienation between two lives: theoretical life armed with beautiful slogans and real life full of repression and decayed freedom. Still young, I started reading, due to political atmosphere in the family and the social milieu, much of Russian literature that got into my life through politics: this is because USSR then was the façade of Kurdish and Arabic left wing. Thus I tasted the flavor of exposure to realms of "others" very early, to be totally involved later in reading great names: Nietzsche and Dostoevsky.
Out of freewill and sense of taste, I was drawn to apostate writers who renounce mainstream ideas at the time, to the "French", through my discovery of the fertile land of existentialism where I located my own place whereby I could express worry, fear, loneliness and almost all questions I got in mind during my intellectual and political adolescence. That's why my debut book was entitled "The Infinite. The other". In this book, I used unconventional technique, and I insist to classify this tiny book as a "novel."

jeudi 19 octobre 2017

مها حسن «شهرزاد» الحرب السورية
نبيل سليمان ـ الحياة 


تشرع رواية مها حسن «الراويات» ذراعيها بقول الكاتبة «خُلقتُ لأروي». وفي روايتها الجديدة «عمتِ صباحاً أيتها الحرب» (دار المتوسط) يحضر جذر هذه العبارة في قولة ماركيز «عشت لأروي»، بينما تكرر الكاتبة عبارتها السابقة مرادفةً بين «وُلدتُ وخلقت»، وترسل الأم أمينة عبارتها «رويت لأعيش»، فهي أيضاً تتولى شطراً كبيراً ومهماً من السرد، مثل ابنتها الكاتبة التي كانت قد أفادت من أمها في وصف نساء روايتها (تراتيل العدم)، وهذا ما تذكّر به في الرواية الجديدة وهي ترسم أمها كشخصية روائية: امرأة خيالية، وكائن خرافي قفز من الأسطورة وعاش في الأرض عالقاً بين الحكايات والواقع.
من قبرها تشارك الأم في السرد، وتفسح لسواها من الراحلات، فتضفي على اللعب الروائي مسحة خاصة. وهي تعلن الأم أنها كانت في حياتها شهرزاد الحارة، وغدت في مماتها شهرزاد البستان- الحديقة التي تحولت إلى مقبرة بفعل الحرب. أما الكاتبة فتعلن أمها «شهرزاد الحرب». لكن الرواية تعلن عن أكثر من شهرزاد، وإن تكن الأم تظل هي شهرزاد الكبرى، أو الأولى. فللكاتبة نفسها نصيب وافر من الحكايات والحكي. ولشقيقها حسام نصيبه الوافر أيضاً. ولسواهما نصيب يسير. وهكذا كان للحرب شهرزاداتها.

الإبنة والأم
وفي موقع آخر تحكم أن ابنتها راحت تفكك عبر الكتابة انتماءاتها، وتحللها، مقتربة من أمها. كما تحكم بأن الكتابة صنعت من مها كائناً عاقلاً وعادلاً في آن. وما أكثر ما يرطن لسان الأم بما تسوق الابنة عليه. فالأمية تتحدث عن الزواج الرومانسي، وعن جوهرها التلقائي، وعن جيناتها، وعن جوهر وبذور ابنتها الإبداعيين، وبعد كل ذلك تصرح بأنها لا تفهم كلام مها النحوي، ولا مصطلحاتها. ومها نفسها ستكتب أنها تتصرف بمفردات الأم. وبالتالي، ينبثق السؤال عما إذا كانت لعبة الميتة التي تروي تكفي لتبرير رطانة لسان الأم، أم أن الأَوْلى أن يكون قد بقي لها لسانها الشعبي البديع المميز، وجرى تصريف رطانتها الثقافية بلعبة أخرى؟
هنا، ربما تحسن الإشارة إلى تصنيف الأم والابنة للرواية، وقد تداول سابقون لهذا التصنيف تعبيراً عن النظر إلى الرواية ككتاب مفتوح، هو من السرد والشعر والبحث والمسرح ومختلف صنوف الكتابة، وحسبي الإشارة إلى رواية- كتاب «النخاس» لصلاح الدين بوجاه.
بيد أن مفهوم «الكتاب» اكتفى في «عمت صباحاً أيتها الحرب» بالسرد الشهرزادي، وأحياناً: الوثائقي، وغالباً: السيري. وبما أن الكاتبة عاشت شطراً من حياتها في حلب، وتعيش في فرنسا، فالبيت يصير هوية، والسؤال يلوب عما إن كانت تكتب هذا «الكتاب» لتصدق الحياتين اللتين تشك بوجودهما: الحياة الحلبية، والفرنسية.
بالعودة إلى شهرزاد الأم نراها تقطع الحكاية بغير العبارة الألف ليلية التي تعلن الصباح والسكوت عن الكلام المباح. والقطع يأتي مرة بتحليق طيران، ومرة بسقوط قذيفة هاون قرب الحديقة التي يسميها «الأغبياء الأحياء» مقبرة، فيما هي، بلسان الأم، بستان، والنساء في دفائنه خرزات تطرزه.
تفتتح شهرزاد الابنة- الكاتبة الروايةَ بقصف المعارضة لبيت العائلة، مع أن مها وإخوتها مع المعارضة، ما عدا لؤي المقرب من النظام، والذي قاطع إخوته، وظل وحده في حلب، بينما تقاذفت المهاجر البقية. وفي حي بني زيد المعارض، حيث استأجر لؤي بيتاً، هدده المعارضون بالاغتيال، فرحل إلى السكن الجامعي. وقد أهدت الكاتبة الرواية إلى لؤي وإلى كل سوري فقد بيته وأسرته. وجعلت الرواية في فصلها الأول بخاصة، ثم في ثناياها، من البيت نبضاً حاراً لها. فالأم التي تروي كيف أثثت البيت، تحدّث عن (شوق البيت) كما تسمّي مها ذلك الشوق الأعلى من شوق البشر. ومها ترسل أيضاً قولها بـ مزاج البيوت، وتحدّث عن أنها تحمل عقدة البيوت، وتطلق السؤال الملتاع «أين هو بيتي الحقيقي»، فالبيت هويتها، وهي واقعة في غرام البيوت. وفي فقرة «هاجس البيت» ترى حلم السوريين سيكون فقط بيتاً، بعد حلم طويل من الحرية والمساواة والتحرر من الخوف.

رواة ثانويون
للبيت شأوه أيضاً في حكايات الشهرزادات الثانوية، أي رواة الرواية الثانويين. فزوجة عدي (الأسدية) تنادي مها لتتفرج على الغرفة التي تؤويهم في السكن الجامعي «كأننا في سجون عائلية». وإلى فنلندا هاجرت أماني فكان لها وحدها من دون الآخرين بيتها السعيد. أما حسام- شهرزاد الثالثة، بعد الأم ومها- فيتحدث عن اللابيت بعدما تطوّح من تركيا إلى السويد، حيث رُفض طلبه باللجوء، واكتشف ما عدّه أكذوبة أمان السويد وعدالتها. وقد جاء كل ذلك في الفصل الأخير من الرواية، والذي يعزف على أسطورية الرقم 7، وعنوانه: «سبعة بيوت في سبعة أيام لسبعة أولاد». وفي هذه النهاية تعلن الكاتبة «البيوتيتية» أن البيت عندها «وطن دائم للكتابة والتخيل واكتشاف الذات والعالم». وكانت قد سبقت ذلك فقرة «البيت المستعاد» في فصل «شهرزاد الحرب». وتروي الفقرة صديقة لمها تطلب عدم الكشف عن اسمها، مستعيدة ذكريات الدراسة الثانوية. وقد احتلت جبهة النصرة بيتها، وسطت المعارضة المسلحة عليه وطردتها منه، كما أن النظام يراها بيئة حاضنة للإرهاب. وفيما يشبه أن تكون قناة سياسية، تبدي شهرزاد المجهولة هذه وتعيد في أن النظام خلق الإرهابيين، وفي أن الثورة اجتماعية وتلقائية، أجهضتها المعارضة الفاسدة التي وضعت مصالحها فوق مصلحة الشعب، مثل النخب الانتهازية التي تخلت عن خطابها الأخلاقي وصفقت للسلاح الديني. ومع ذلك، تهدر هذه الشهرزاد بأن شعلة الثورة مستمرة، ولن يقتلها النظام ولا الرايات السوداء والصفراء.
مع حسام- شهرزاد الثالثة تتفجر حكايات التظاهرات السورية السلمية عام 2011، فالتحول إلى العسكرة والأسلمة، ليبقى صوتاً خافتاً ووحيداً للسلمية، فيضطر إلى الهجرة. ومن تركيا إلى اليونان إلى السويد تتفجر حكايات التغريبة السورية التي تحيا مها وإخوتها فصولاً أخرى منها. وسواء عبر التغريبة، أم عبر يوميات الحرب في حلب وفي ريفها، أم عبر ما يُستعاد من الماضي قبل الحرب، تبرز الهوية كشاغل بامتياز للرواية.
كانت حارة العمران في أطراف حلب هي هوية الصداقة والجيرة التي شققتها العسكرة، وحلّ محلها كهوية خارجُ الحارة، فكان أول انفصال بين حسام الكردي وصحبه العرب. وفي فصل «الهوية العالقة في الممر»، يأتي اعتقال المسلحين العرب بقيادة أبو عرب لحسام الكردي كشعرة تقضم ظهره، وهو يروي إحساسه بالظلم، وبألا تشفع له مشاركته في التظاهرات، مما أعاده إلى أصوله الكردية، بعدما كان يشعر بالغربة حين يسمع أبويه يتحدثان الكردية. لقد اكتشف فجأة أنه ليس مثل أصدقائه العرب، فالثورة كشفت له الفرق بين العربي والكردي. وإذا كان عنصر من الجيش الحر قد هدده بحرق الأكراد في عفرين، فهو ليس حاقداً، ولا يكره العرب، لكنه يجأر أنه لا ينتمي لهذه الثورة إذا كان أبو عرب وأمثاله قوادها، ومن يقررون مصيره، لكأن الثورة ملكهم، وفي السويد، في فقرة «الهوية المرتدة» يكرر حسام أنه لم يفكر يوماً بكرديته، ولا باختلافه عن صحبه من العرب، لكن ذلك حدث بعد الثورة. وهذا الذي عاش حياته بعيداً عن القوميات، بات يحس بانتمائه الكردي، وإن يكن ينفي أنه واحد من الشيعة والسنة والأكراد الذين حوله في الكامب- مخيم اللاجئين.
أما «عمتِ صباحاً أيتها الحرب»، وعلى رغم نثار الشخصيات النكرات، ومن ضغط الوثائقي والتوثيق أحياناً، والسياسي نادراً، فقد جاءت مغامرة سردية بديعة ومميزة، سواء في مدوّنة صاحبتها الروائية، أم في المدونة الروائية للزلزال السوري.